SXSW – Le « divertissement pour adultes » s’intéresse de prêt à la réalité virtuelle
Fera-t-on bientôt l’amour sans se toucher et de manière entièrement virtuelle, comme Sylvester Stallone et Sandra Bullock dans Demolition Man ? Brian Shuster en est convaincu, et selon lui c’est pour demain. A la tête de Red Light Center, un réseau social virtuel pour adultes cousin de Second Life et qui permet déjà d’utiliser le casque Oculus Rift, il était invité à partager sa vision du futur de la pornographie, samedi 14 mars au festival South by Southwest d’Austin, aux Etats-Unis.
Jouer du micro avec une assurance bravache n’étant pas suffisant pour convaincre son auditoire, il a fallu faire un petit détour historique. « Personne ne peut plus imaginer aujourd’hui être excité pendant un mois par trois photos dans un magazine », plaisante-t-il en faisant référence à l’époque où le porno se cachait sous les matelas des ados. Puis sont apparues les cassettes vidéos, remplacées par les DVD, eux-mêmes cédant la place à Internet, ses vidéos accessibles gratuitement, en quantité infinie, classées, notées, taguées et répondant à nos désirs et fantasmes les plus précis.
« Le futur du porno est aussi le futur du sexe en général »
Comment s’inscrit la réalité virtuelle dans cette évolution ? Pour Brian Shuster, c’est dans le comportement des consommateurs et leur rapport à la sexualité que s’inscrit la réponse. « Le futur du porno est aussi le futur du sexe en général », assure-t-il, arguant que l’accès illimité au porno via Internet a déjà profondément modifié la manière dont les hommes et les femmes appréhendent les relations sexuelles dans le monde réel.
En 2013, le Guardian expliquait ainsi que les jeunes Japonais tendaient à perdre le goût des rapports sexuels car ces derniers étaient beaucoup trop difficiles à obtenir et présentaient trop d’inconvénients (coût, risque de maladie, pas de partenaires disponibles…), comparés à la gratification instantanée et personnalisée de la pornographie en ligne. Un peu comme le personnage incarné par Joseph Gordon Levitt dans le film Don Jon.
La réalité virtuelle et ses propriétés immersives s’inscriraient par conséquent dans le prolongement de cette tendance. Pour Shuster, l’industrie du porno est d’ailleurs déjà en train de détruire à coup de godemiché les murs sensoriels limitant la réalité virtuelle. Les « télédildonics » entendent ainsi abolir le problème de l’éloignement au sein d’un couple, les caresses faites à un objet détenu par l’un se répercutant sur le jouet sexuel de l’autre.
Combinés aux casques de réalité virtuelle (sur lesquels toutes les grandes entreprises du web planchent, de Google à Microsoft, en passant par HTC et Sony), il devient alors techniquement possible de « faire l’amour » avec quelqu’un sans jamais avoir à l’effleurer.
« Rapport oral, anal ou simple massage : les télédildonics de deuxième et troisième génération permettront d’avoir des expériences sexuelles complètes », assure Brian Shuster. Seules véritables barrières encore en place selon lui: le goût et l’odeur, que la technologie ne permet pas encore de reproduire. A laquelle s’ajoute peut-être une donnée difficilement numérisable : la présence de l’autre.
source : La réalité virtuelle, futur du porno (et du sexe en général) ?