Agriculture: quelle drone d’idée !
L’avenir de l’agriculture passe-t-il par les drones ? Si leur utilisation demeure encore ultra-confidentielle – difficile de trouver plus de quelques exploitants ayant déjà investi -, le Mondial des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage qui se tient à Villepinte en ce moment est néanmoins l’occasion de faire le point sur les initiatives françaises en cours. Le prix d’un drone équipé de capteurs adaptés aux besoins agricoles peut atteindre les 25 000 euros. Alors, s’équiper de drones est-elle une bonne idée ?
Panorama de ceux qui y croient:
Des start-up françaises: Cyleone, Airinov, Redbird…
Plusieurs jeunes sociétés françaises ont axé leur développement sur l’utilisation des drones dans le domaine agricole. C’est le cas d’Airinov, mais aussi de Cycleone à Montpellier ou encore de Redbird, qui emploie une vingtaine de personnes.
Airinov comptait l’été dernier 2 000 agriculteurs clients dans toute la France pour 20 000 hectares de cultures survolés (10 000 de blés, 10 000 de colza). « Le marché est de quelques millions d’euros en France sur les seules thématiques du conseil en engrais pour le colza et le blé », nous expliquait Florent Mainfroy, cofondateur d’Airinov, l’été dernier.
FrenchWeb avait également rencontré Guillaume Boguszewski, le fondateur de Cycleone en mars 2014:
Le test des drones dans la Somme
Dans ce département où la majorité de la surface agricole est exploitée pour la culture de céréales, la Chambre d’agriculture a fait l’acquisition de deux drones. Elle les met à disposition des agriculteurs afin de leur démontrer leur utilité. « Pour l’instant, nous avons fait tester les drones dans une centaine d’exploitation à travers le département, et couvert environ 4 500 hectares en quelques mois. Le test est facturé 10 euros par hectare et sert au pilotage du traitement azote », raconte Aurélien De Ceuninck, responsable du service production végétale de la Chambre d’Agriculture de la Somme. D’autres applications existent: la mesure des dégâts sur les plantations en vue des indemnisations, la mesure des taux de levé et de maturité des plantations de pois et d’haricots ou encore l’audit de l’impact des chantiers d’enterrement des lignes électriques. « Nous collaborons avec Airinov pour l’achat et la maintenance des drones et espérons réussir toucher 300 à 400 exploitations d’ici la fin de l’année » précise Aurélien De Ceuninck.
Les drones eBee de senseFly
Notamment utilisé par Airinov, les drones eBee sont développés par le groupe d’électronique senseFly. Cette filiale les avait présenté au grand public lors du salon de l’Agriculture 2014. eBee permet d’osculter les champs et d’établir une cartographie qualitative par la captation infra-rouge. Objectif: évaluer les besoins des surfaces et adapter les traitements, les doses d’engrais par exemple. Contrairement à d’autres modèles de drones, eBee ne se pilote pas en temps réel, il se programme par le biais d’un ordinateur en amont.
Le projet commun d’Airbus, Delta Drone et Arvalis
Airbus Defence and Space, la start-up grenobloise Delta drone et l’institut du végétal Arvalis travaillent conjointement depuis l’an dernier pour réfléchir à l’utilisation des données captées par des drones dans le domaine agricole. L’objectif est de mettre sur pieds un service d’ici à la campagne de semis 2015/2016 en fonction des besoins effectifs des agriculteurs.
Au delà de la possibilité technique, les agriculteurs devront aussi se former à leur utilisation et notamment s’habituer à demander une autorisation de vol. En effet, la législation exige qu’une autorisation officielle de vol ait été délivrée par la Direction Générale de l’aviation civile (DGAC) et que le pilote soit titulaire d’un brevet théorique ULM.
D’autre part, l’équipement coûte cher, un drone équipé de capteurs adaptés aux besoins agricoles peut atteindre les 25 000 euros, comme précisé plus haut. Aussi, le développement de leur utilisation passera certainement par une mise en commun des moyen, et une mise à disposition des drones par les coopératives, les Chambres d’Agriculture ou autre groupement… et non pas par des équipements individuels à l’échelle d’une seule exploitation, dont le coût semble prohibitif.