Test du casque de réalité virtuelle Homido
La société française homido se lance dans la bataille des casques de réalité virtuelle. Ce marché, qui devrait commencer à prendre son envol cette année, est déjà passablement encombré et de nouveaux produits sont annoncés quasiment toutes les semaines. Voyons si celui de Homido vaut le détour.
Depuis le lancement de l’Oculus Rift sur la plateforme de financement participatif kickstarter en 2012, les casques de réalité virtuelle ont connu une exposition médiatique croissante auprès du grand public. Surtout que Sony a annoncé l’année suivante un projet Morpheus qui vise à doter la PS4 d’un casque de réalité virtuelle courant 2015. Les choses sont plus concrètes chez Samsung qui a levé le voile sur le Gear VR pour le Note 4 lors de l’IFA de septembre, conçu en partenariat avec Oculus. Cet accessoire est d’ailleurs déjà disponible à la vente dans certains pays (199 $/€).
Vous l’aurez compris, la réalité virtuelle a le vent en poupe, à tel point que Google a présenté il y a quelques mois son Cardboard, un masque en carton pour s’essayer à la réalité virtuelle à moindres frais, avec un simple smartphone. Dans la foulée, quelques fabricants moins prestigieux ont eux aussi dégainé des accessoires similaires et souvent un peu plus évolués et confortables que la solution proposée par Google. L’allemand Durovis a été l’un des premiers à s’y coller, suivi notamment par Archos. Nous testons ici la tentative des Français de la société Homido.Une large gamme de smartphones compatibles
Comme tous les accessoires de ce type, celui qui nous intéresse ici prend la forme d’un masque dont la devanture peut accueillir un smartphone. Ce dernier vient se positionner devant les yeux de l’utilisateur. Une fois en place, le smartphone est parfaitement maintenu, à tel point qu’il ne bougera pas même si on retourne complètement le casque — ce qui ne devrait toutefois pas d’arriver en usage réel, à moins de vouloir faire le poirier avec l’accessoire sur la tête. L’emplacement en question est suffisamment grand pour accueillir jusqu’à des phablettes comme le Huawei Ascend Mate 7, le Samsung Galaxy Note 4 ou l’iPhone 6 Plus. Attention toutefois, les parties les plus éloignées de l’affichage ne sont plus visibles pour ces smartphones géants. Après plusieurs essais, nous avons constaté que les mobiles qui se prêtent le mieux à une utilisation avec ce casque sont ceux dont la diagonale d’écran est comprise entre 5″ et 5,2″.
Une qualité de fabrication honnête
La qualité de fabrication de l’accessoire d’Homido est dans l’ensemble assez bonne. Elle ne situe pas au niveau de celle du Samsung Gear VR, qui est tout simplement parfaite, mais se place tout de même loin devant celle d’un casque comme le Durovis Dive. Ici, le plastique de la coque et les sangles respirent la solidité. On regrette juste que ce soit de la mousse qui adoucisse le contact du pourtour avec le visage de l’utilisateur. Elle remplit parfaitement son office, mais le matériau en lui-même n’est pas réputé pour résister aux outrages du temps. Mais il ne s’agit là finalement que d’un grief hypothétique, qui demandera à être confirmé après plusieurs semaines ou mois d’utilisation.
Des lentilles incurvées
Une fois le casque sur la tête, il est possible de parfaitement l’ajuster grâce à une sangle principale et une secondaire qui améliore le maintien en reposant sur la partie haute du crâne. Il faut ensuite régler correctement les deux lentilles via des molettes latérales. On apprécie d’ailleurs de retrouver des cônes pour adapter ces lentilles à la vue des myopes et des hypermétropes dans la boite de l’accessoire. Puisque nous en sommes à parler de la partie optique, précisons que ce casque n’est pas un produit d’importation chinoise, sur lequel le fabricant aurait simplement posé son logo, comme c’est le cas pour Archos avec son propre casque de réalité virtuelle. Non, Homido a développé son propre concept de son côté et affirme avoir dédié une équipe de sept personnes à ce projet, pendant un an. Au-delà du discours du fabricant, force est de constater que son système de lentilles très incurvées, presque demi-sphériques, ne se trouve pas chez d’autres fabricants, qui optent plutôt pour des lentilles plates. Ce procédé autorise un champ de vision élargi et donc une meilleure immersion.
Les sensations au rendez-vous
En pratique, le procédé fonctionne parfaitement et on est vite happé par la réalité virtuelle une fois que l’on pose le casque sur la tête. Mais l’expérience varie beaucoup en fonction de votre smartphone. Nous avons principalement testé l’accessoire de Homido avec un Google Nexus 5 et un LG G3, pour un rendu vraiment saisissant à la clé. On a vraiment l’impression d’y être tant le suivi du mouvement de la tête est efficace et crée parfaitement l’illusion d’une vision à 360°. Mais si l’accéléromètre et le gyroscope de votre smartphone ne sont pas suffisamment réactifs, le mal de crâne est garanti, car votre cerveau n’appréciera pas (du tout) le décalage entre le mouvement de la tête et celui du décor — c’est d’ailleurs en partie pour cela que l’Oculus Rift n’est pas encore sorti et promet une réactivité maximale.
Des contenus majoritairement amateurs
Mais le plus embêtant reste l’environnement applicatif. Que ce soit avec le produit de Homido où ses concurrents, il ne faut pas vous attendre (pour l’instant) à bénéficier d’une expérience « clé en main ». Le fabricant a bien fait l’effort de créer une appli qui fait office de portail vers les nombreuses applications de réalité virtuelle qui existent déjà sur Google Play et sur iOS. L’offre s’avère néanmoins plus riche sur Android dans la mesure où il est également possible d’installer d’autres portails, comme ceux de Durovis Dive ou du Cardboard de Google. Le problème vient toutefois de la qualité des applications aujourd’hui disponibles. Elles sont pour la plupart l’œuvre de développeurs indépendants et affichent à la fois un niveau technique assez faible et un intérêt finalement limité. En fait, on pourrait qualifier la plupart de simples démos. Samsung devrait donc avoir une grande longueur d’avance avec le portail de son Gear VR, qui reprend les contenus développés pour l’Oculus Rift. Le fait que ces applis soient développées par des indépendants entraine aussi un problème dans la gestion des contrôles. Il faut souvent pouvoir se déplacer pour profiter des mondes en réalité virtuelle. L’utilisation d’une manette est donc indispensable dans la plupart des cas. Or, de nombreuses applications gèrent mal ces manettes et ne permettent pas de configurer les touches.
Au final, malgré le constat assez terne sur l’univers applicatif de la réalité virtuelle sur smartphone aujourd’hui, il nous faut tout de même insister sur le fait que la grosse vingtaine d’applications réussies, comme Tuscany (adaptée d’un programme pour Oculus Rift), la démo Shadowgun ou autres démos de jeux, suffisent à procurer un effet « waouh » indéniable. Car de tous les usages multimédias auxquels nous nous sommes habitués ces dernières années, la réalité virtuelle est bien le plus novateur ; et d’assez loin. Si les applications finissent par gagner en qualité — ce qui ne devrait pas manquer d’arriver —, on peut même dire que cette réalité virtuelle sera la première véritable révolution mobile depuis une éternité. Reste à voir si cela vaut le coup de craquer tout de suite pour un tel casque, ou attendre que l’offre soit plus riche, tant au niveau matériel que logiciel.