GoPro s’intéresse de prêt à la vidéo 360 et rachète la société française Kolor

Au pied du massif de la Chartreuse et face à celui des Bauges, il flotte désormais sur ce petit coin de Savoie, situé à quelques kilomètres de Chambéry, un petit parfum de Silicon Valley. Mercredi 27 mai, la société américaine GoPro devait annoncer la finalisation du rachat du français Kolor. L’affaire se conclut un peu moins d’un an et demi après un premier contact lors du Consumer Electronics Show de Las Vegas, la grand-messe mondiale de l’électronique grand public. Le montant de l’opération n’a pas été dévoilé.

Le mariage du californien, qui a bâti son succès sur ses petites caméras associées aux sports de loisirs ou extrêmes, et de la PME française – à la solide réputation dans la vidéo à 360 degrés, les panoramas et les visites virtuelles – ressemble à s’y méprendre à un conte de fées. « Ce n’est pas quelque chose que j’avais programmé, ni même rêvé »,confesse Alexandre Jenny, qui a fondé Kolor en 2004, avec Lionel Laissus. C’est à une mauvaise fortune professionnelle – les deux hommes venaient d’être licenciés d’Infogrames – que la PME doit son existence. « Quand je me promenais en montagne avec mon épouse, le spectacle était à couper le souffle tout autour de nous et j’ai eu envie de pouvoir restituer ces sensations avec des photos panoramiques »,raconte M. Jenny, passionné de photographie.

C’est sur cette idée qu’est né, en 2006, le premier succès de Kolor, à savoir le logiciel Autopano Pro qui permettait de récupérer les photos de la carte mémoire de l’appareil et de les rassembler automatiquement pour en faire un panorama. Sont venues ensuite les visites virtuelles avec le logiciel Panotour. Mais avec le succès grandissant des caméras d’action, des clients de Kolor se sont adressés à la PME, signalant qu’en associant six caméras GoPro, on pouvait filmer son environnement tout autour de soi. Restait aux « Frenchies » à concevoir le logiciel qui assemblerait les différentes vidéos pour un rendu à 360°.

M. Jenny en est convaincu, le potentiel de ce marché est immense. Et il n’est pas le seul à la croire. Le rachat, en mars 2014, d’Oculus VR, spécialiste américain des casques de réalité virtuelle, par le réseau social Facebook pour 2 milliards de dollars (1,82 milliard d’euros) en témoigne. « Dans deux ans, la réalité virtuelle va devenir quelque chose de commun et ne sera pas cantonnée aux jeux. Tous les médias n’attendent que de produire de la vidéo immersive », assure M. Jenny.
Douze postes créés

Pour GoPro, confronté à une concurrence croissante – notamment des constructeurs chinois –, cette acquisition est une opportunité d’élargir son offre. Avec Kolor, GoPro proposera une solution 360° qui inclut la captation avec ses caméras, la production et le visionnage des vidéos avec les logiciels de la société française – sur ordinateur ou smartphone – et un service d’hébergement associé.

« Jusqu’ici, nous nous étions développés avec nos fonds propres, explique M. Jenny, GoPro nous permettra de dominer le marché de la vidéo immersive. » Sans vouloir préciser les montants qu’engagera l’américain, celui qui conserve les rênes de sa société souligne que l’arrivée de GoPro se traduira par la création de douze nouveaux postes d’ici à la fin de l’année.

Les effectifs de Kolor seront portés à 50 personnes et l’entreprise ne quittera pas la Savoie pour San Mateo, en Californie. Nicholas Woodman, fondateur et patron de GoPro, l’a assuré. Il n’a pas eu besoin d’un casque de réalité virtuelle ou d’une vidéo sphérique il y a quelques semaines pour apprécier la beauté du paysage. « Wonderland, wonderland ! »,ne cessait de s’exclamer le quadra milliardaire lors de son trajet en taxi l’amenant dans les locaux de la PME.

 

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