L’Etat envisage de nouvelles mesures pour contrôler et surveiller les vols de drones

Outre l’installation de moyens radars passifs ou actifs, les experts du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) vont faire tester des techniques de brouillage, de leurrage GPS ou encore des «jets de matière», via notamment des canons à eau.

Alors que plusieurs vols suspects de drones ont été aperçus dans la nuit de mardi à mercredi dans le ciel parisien, portant à soixante le nombre de survols interdits observés depuis octobre dernier, les experts du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) explorent toutes les parades pour lutter contre ce phénomène.

Prenant l’affaire «très au sérieux», cette structure dépendant du premier ministre et habituée à la pratique du secret cherche notamment d’efficaces moyens de détection et de neutralisation. Dès ce mois de mars, une campagne d’expérimentation sera déclenchée pour expérimenter de nouveaux outils de détection, grâce à des radars passifs ou actifs notamment orientés au-dessus des agglomérations et des sites sensibles. «Pour l’heure, les services de sécurité ne sont pas dimensionnés pour couvrir la zone atmosphérique entre 50 et 100 mètres d’altitude», confie-t-on au SGDSN, où l’on concède qu’il y a un «trou dans la raquette».
Un appel d’offres doté d’un million d’euros

Décidé à combler les carences de la réglementation en vigueur, l’État envisage que les drones fassent désormais l’objet d’une immatriculation, d’une assurance obligatoire et qu’ils embarquent une «puce» et un transpondeur permettant de tracer leur trajectoire dans l’espace aérien surveillé. La difficulté sera alors d’intercepter les aéronefs sans pilote autoprogrammés, comme ceux qui ont, semble-t-il, survolé Paris et dont il est impossible de repérer les fréquences radars.

Le SGDSN, qui a remis un rapport confidentiel le 30 janvier au premier ministre, planche donc sur divers moyens de neutralisation. Dans les prochains jours, les experts vont tester «parmi les solutions les plus matures» des systèmes sophistiqués de brouillage, de «leurrage GSP» ainsi que des «jets de matière», notamment en utilisant des canons à eau. Des réflexions sont aussi menées sur l’emploi de lasers ainsi que sur un système de «mise en panne volontaire» des engins volant à l’approche de zones interdites.

Dans le même temps, un appel d’offres, doté d’un million d’euros, a été lancé dès le 18 décembre dernier par l’Agence nationale de la recherche (ANR) pour le compte du SGDSN pour dégager d’autres procédés innovants. Pas moins de 23 projets en lice seront examinés au début de la semaine prochaine et les candidats retenus seront annoncés d’ici à une dizaine de jours.
Un effet psychologique dévastateur

«Même si les “petits” drones, dont le poids est inférieur à 150 kilos, sont a priori inoffensifs, nous sommes d’une extrême vigilance», martèle-t-on au SGDSN qui rajoute: «le spectre d’un épandage de produits toxiques dans l’atmosphère, même s’ils sont d’une totale innocuité à l’air libre, aurait un effet psychologique dévastateur dans l’esprit du public.»

Outre une meilleure cohérence dans la prise en compte de ce préoccupant phénomène géré à la fois par Matignon et par les ministères de l’Intérieur et de la Défense, les pouvoirs publics réfléchissent aussi à durcir les sanctions visant les utilisateurs malveillants.

«L’évolution du cadre juridique ne doit toutefois pas ignorer le potentiel de développement d’une filière en plein essor et dans laquelle la France est pionnière», prévient-t-on au SGDSN qui se déclare soucieux de «ne pas faire peser sur ce secteur émergent une réglementation excessive». Constitué de 1200 opérateurs professionnels fournissant 3000 emplois directs dans l’Hexagone, le marché des drones représente un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros par an.

source : Drones malveillants : de nouvelles parades expérimentées par l’État d’ici à fin mars

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